Demain, quelles couleurs auront nos aliments ?
Crayola vient de lancer une gamme de glace à l’eau, pour enfin savoir quel feutre a le meilleur goût !
L’occasion de prendre un peu de recul sur le rôle de la couleur dans notre alimentation.
La couleur est un outil marketing
Elle différencie les produits des concurrents, standardise les gammes, rend lisible un arôme au premier coup d'œil.
L’industrie l’a très bien compris. Dès la fin du XIXè siècle, aux États Unis et sous la pression de l’industrie laitière, il a été imposé que la margarine soit colorée en rose vif pour l’éloigner au maximum de la couleur jaune dorée du beurre.
Il n'existe pas de langage universel de la couleur
Ce que nous attendons d’un aliment coloré dépend largement de notre expérience, de nos normes sociales et de notre éducation sensorielle.
Plus étonnant, l’influence de la couleur est également génétique. Dans son article “On the psychological impact of food colour”, le psychologue Charles Spence (également connu pour l’excellent ouvrage Gastrophysics) explique que notre sensibilité au goût influence la manière dont on perçoit une couleur. Pour simplifier : plus on a le palais fin, moins on est influencé par la couleur dans notre évaluation sensorielle.
Pour une marque, choisir la bonne couleur ne relève donc pas d’un standard global, mais d’un travail d’adaptation à chaque marché, chaque public et chaque sensibilité.
Les colorants évoluent et avec nos repères visuels
Dans une logique de clean label, les industriels reformulent leurs colorants pour opter pour des versions plus naturelles.
Aux États-Unis, 8 colorants artificiels vont être interdits d’ici 2026. C’est toute une industrie qui doit alors se transformer et aller tenter de combiner alternatives naturelles, mais sans sacrifier l’impact visuel.
Quelle couleur aura le futur de notre alimentation ?
À l’heure où les produits et boissons doivent conjuguer santé, désirabilité, lisibilité et mémoire sensorielle, la couleur s’impose comme un levier clé de formulation, de design et de positionnement.
Deux choix s’offrent alors :
Reproduire le plus fidèlement possible une couleur artificielle de manière clean, quitte à multiplier la liste d’ingrédients et impacter l’expérience sensorielle du produit.
Développer une nouvelle gamme de couleurs qui s’appuie sur les qualités propres des ingrédients naturels, ce qui amène à repenser l’imaginaire visuel du produit.
Le défi pour les marques sera de composer avec ces nouvelles normes sans diluer leur identité, tout en accompagnant les consommateurs dans ce nouvel imaginaire coloré.